|
Marianne de Dulac, 5e série provisoire d'usage courant 1945
C'est à un artiste français, Edmond Dulac, naturalisé anglais en 1912, que le général de Gaulle s'adresse pour réaliser les émissions des colonies qui avaient rallié la France libre, ainsi que des projets de timbres devant servir en France libérée. Dulac propose une maquette représentant pour la première fois une Marianne, aux traits de Léa Rixens, épouse du peintre Émile Rixens, qui était son condisciple à l'école des beaux-arts de Toulouse. Une première série de trois timbres corespondant aux tarifs postaux d'avant 1942 est réalisée en héliogravure par l'imprimerie Harisson & Sons de Londres : un 25 c vert (pour les journaux), un 1 F rouge (pour la lettre simple), et un 2,50 F bleu (pour la lettre pour l'étranger). Le procédé d'impression en héliogravure et les couleurs utilisées sont ceux des timbres anglais en cours, à l'effigie de George VI. Cette première série semble avoir été imprimée à 5 000 exemplaires mais elle est refusée par le général de Gaulle à cause de la légende « R France F ,. Le mot « France » est enlevé et une nouvelle série tirée à 10 000 exemplaires. Cependant, la libération ne venant pas, ces timbres sont oubliés, et ils ne réapparaissent qu'en 1946, sur le marché philatélique américain. Ce sont donc des non-émis. Le 8 décembre 1943, Menthon, commissaire aux Colonies, institue un concours à Alger, et décide d'y faire participer les artistes français résidant en Grande-Bretagne. Il demande que l'on s'inspire soit de thèmes déjà traités (effigie de la République, Semeuse, Droits de l'homme, etc.), soit que l'on évoque « la France sortant de l'ombre ». Ce timbre est prévu pour être utilisé en France et dans vingt colonies. La maquette doit comporter les mentions . RF », « Postes », le nom de la colonie et une croix de Lorraine. Seul Dulac envoie un projet, mais avec la mention « Algérie >. Il est adopté le 10 février 1944, mais on supprime la mention « Algérie », car l'idée d'une utilisation aux colonies est abandonnée. On prévoit la fabrication d'une tranche de 11 timbres allant de 50 centimes à 5 francs. Parallèlement, on fabrique les billets de banque de 100 francs, qui seront utilisés en Corse libérée. Mais comme ceux-ci sont l'objet de nombreuses falsifications, on commande à Dulac une vignette grise « 100 F trésor central », destinée à être collée sur les billets pour les authentifier. Cette commande est finalement annulée en octobre 1944, et seuls subsistent quelques exemplaires de cette vignette. La fabrication des timbres commence le 15 août 1944, et les premières caisses de timbres sont expédiées à Paris après le 31 août. Le 22 septembre, Tony Mayer, chef du service des timbres à Londres, constate que les timbres IF50 rose mis en vente en priorité en France provoquent l'admiration générale. Cependant l'Atelier des Timbres-poste n'ayant pas souffert des combats de la Libération et ayant repris son travail, Tony Mayer, désireux de ne pas froisser les alliés britanniques, ne stoppe pas l'impression des timbres à Londres, mais la réduit de moitié (706 millions au lieu de 1,4 milliard). rémission de la série Dulac s'échelonna de mars à novembre 1945. La mise en vente en dernier de la plus grosse valeur, le 50 F violet foncé, fait craindre, dans la presse philatélique, l'apparition d'un 100 F et d'un 200 F. L'Administration réalisera un tirage de quinze valeurs non dentelées, sans valeur faciale, gravées par Mazelin du 7 mai au 9 août 1948, mais cet essai n'aura pas de suite. Mis à part les billets de banque, on retrouve la Marianne de Dulac sur les timbres Entraide française émis dans quatorze colonies et sur les timbres fiscaux des colonies.
|
|